La communication entre les églises est-elle si compliquée ?

L'œcuménisme est un mouvement qui tente de labeurer avec les autres dénominations sur des critères théologiques, dogmatiques et exégétiques.

Seulement ce mouvement à ses propres limites, comme en témoigne la plupart des protagonistes qui cherchent à faire de l'œcuménisme une solution à l'unité dans le corps du Christ. Manifestement, mais cela n'engage que nous, la bonne volonté à ce niveau-là ne suffit pas, l'œcuménisme devrait-être un moyen pour les différentes autorités de dépasser les guerres d'antan ou les problèmes des schismes passés pour rechercher un niveau supérieur, plus tourné vers les mystères du Christ.
        
Le pape François, tente depuis plusieurs mois un rapprochement qui va au-delà des humeurs des moments, des personnes, des églises en recherchant l'amour et le pardon fraternel entre tous les enfants de DIEU. 

Après avoir reçu plusieurs prêtres, évêques, pasteurs d'églises diverses et variées, il semblerait que cela ne porte pas de fruit, pourtant nous sommes témoins de son désirs qui va bien au-delà de tout ce qui a pu être fait jusque là. Certes l'œcuménisme est loin parfait, mais c'est un commencement, espérons simplement que les hommes qui travaillent pour cela ne se contentent pas du minimum mais se dépassent par une communication plus intensive pour accomplir la volonté du Christ pour que nous soyons "uns comme lui et son Père sont un".

Nous avons choisi de retranscrire l'article qui suit dans son intégralité car la vision du Père Luc Forestier recueilli par Domitille Farret. (Aleteia)  traduit bien l'évolution positive de l'œcuménisme même si le chemin est loin d'être parvenu à son terme. Prions pour que cela soit de plus en plus l'œuvre du Saint Esprit et non celui des hommes, pour la gloire de Dieu.

L’œcuménisme a-t-il permis aux chrétiens de se rapprocher ?

Lors de la semaine pour l’unité des chrétiens, rencontre avec le père Luc Forestier, prête de l'Oratoire et responsable de l'Institut Supérieur d'Études Œcuméniques (ISEO) de Paris.

Aleteia : Pouvez-vous nous parler des dernières avancées dans l’œcuménisme ? 

Père Luc Forestier : Nous sommes dans une étape que je qualifierais de nouvelle pour deux raisons : premièrement, le pape François a une expérience personnelle de la rencontre de groupes chrétiens. Il est l’ami de pasteurs évangéliques. Un deuxième élément de contexte est ce que l’on appelle parfois l’œcuménisme du sang : les chrétiens forment un groupe persécuté dans le monde. Nous ne sommes plus seulement dans un œcuménisme de l’eau du baptême mais dans un œcuménisme du martyre. Et entre le baptême et le martyre, on voit tout ce que fait l’Église dans la proclamation de l’Évangile, la célébration de la liturgie et des sacrements et le souci des plus pauvres. De nombreuses actions œcuméniques existent dans la prise en charge des plus démunis, comme l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture). On note aussi tout ce qui est activité liturgique de prière, avec des lieux comme Taizé ou la Maison d’Unité à Paris. Enfin, le troisième élément concerne ce qui est proprement doctrinal, la recherche du dépassement des ruptures confessionnelles. En cinquante ans, on a vu des progrès considérables. On peut noter la Déclaration commune sur la justification par la foi, signée en 1999 par l’Église catholique et la fédération luthérienne mondiale. Ce n’est pas un texte de convergence, mais du consensus différencié : nous disons des choses différentes tout en reconnaissant que nous sommes d’accord sur l’essentiel.

Aleteia : Pouvez-vous nous parler du lien avec nos frères orthodoxes ?

En 2016 s’est tenu un « grand et saint » concile panorthodoxe. Les orthodoxes eux-mêmes sont dans une forme d’avancée sur le chemin conciliaire. Les catholiques ont eu de grands dialogues avec eux. Le geste initial a été cette fameuse rencontre entre Paul VI et Athénagoras en 1964. On a vu des déclarations assez considérables de travaux de commissions entre catholiques et orthodoxes, comme le fameux document de Balamand en 1993 (sur le fait que l’uniatisme ne peut être un modèle de l’unité que nos Églises cherchent, ndlr), et celui de Chieti en 2016 (il dispose que le premier millénaire « représente un point de référence nécessaire et une puissante source d’inspiration pour les catholiques comme pour les orthodoxes ». Cela révèle des progrès dans nos rapports.

 Aleteia : L’œcuménisme n’aurait-il pas pour conséquence de nous éloigner de notre vocation?

Au contraire, il nous permet de mesurer que c’est de l’intérieur même de ce qui nous habite que nous serons unis et de mieux comprendre nos propres appartenances confessionnelles. 

Aleteia :  Est-il vraiment réaliste de vouloir une Église Universelle ?

L’église catholique elle-même est plurielle, [l'église orthodoxe et l'église protestante également. 33 000 dénominations chrétiennes sont recensées aujourd'hui dans le monde.] Le problème n’est pas la diversité, dont il faut se réjouir, mais la désunion. L’œcuménisme ne vise pas à écraser la diversité mais au contraire à dépasser ce qui est de l’ordre de la désunion pour vivre cette communion dans la différence. Quand on voit  tout ce qui a été possible en cinquante ans, nous savons que nous sommes sur le chemin de l'union du Corps du Christ, Sa mariée qui se prépare.

Aleteia : Comment ces progrès sont-ils perçus par les fidèles ?

Les gros efforts faits sur le plan doctrinal sont mal connus par les chrétiens. La difficulté est de faire percevoir ces progrès au niveau des paroisses et des communautés. Voilà pourquoi l’œcuménisme n’est pas que doctrinal mais aussi spirituel et caritatif. Nous, universitaires, portons le souci de faire en sorte que les chrétiens soient initiés à ces réalités œcuméniques afin d’être acteurs de cet œcuménisme.

Dans l'actualité de ce jour, nous pouvons constater que, pour l’unité des chrétiens, la question du rapport structurant avec Israël tient une place critique. Ensemble, nous sommes dans un rapport d'union avec Israël, le peuple qui dure parce que Dieu veut qu’il dure. Cette permanence d’Israël est aussi un lieu de communion entre diversités.

Aleteia : Pour terminer ?

Je conclurai de trois manières. Premièrement, la prière. Pas seulement cette semaine ! S’il vous plaît, continuez les cinquante et une autres semaines. Deuxièmement, le souci des plus pauvres. Enfin, la formation : on découvre beaucoup mieux sa propre foi quand on entre par une porte œcuménique.

Propos recueillis par Domitille Farret. (Aleteia)